Par un mercredi après-midi d’été, j’ai rendu visite à Farnia Haghighi qui habite à Fribourg. Elle avait invité quatre personnes à sa première Tavolata et préparait un plat persan. Pendant le repas, l’Iranienne a raconté pourquoi elle avait tant de plaisir à cuisiner des recettes de son pays.

Interview: Marine Jordan
Photos: Martine Wolhauser

Marine Jordan: Farnia, parlez-nous un peu de vous!

Farnia Haghighi: Je suis d’origine iranienne et la Suisse m’a accueillie comme réfugiée il y a 35 ans. J’ai toujours été très sociable. Mon activité professionnelle m’absorbe beaucoup: je donne des cours de cuisine perse à l’Ecole-club Migros et travaille auprès de la Croix-Rouge, où je cuisine et mange avec des seniors. L’appétit leur manque souvent lorsqu’ils mangent seuls. Passer du temps ensemble est quelque chose de particulier et ça fait du bien à tout le monde.

Comment vous est venue l’idée de créer une Tavolata à Fribourg?

Depuis longtemps, j’avais envie de partager mes talents de cuisinière avec d’autres personnes et leur faire découvrir la richesse de la culture perse. J’ai grandi en Iran et ai vécu un certain temps au Pakistan. En Suisse, c’est une émission radio qui a attiré mon attention sur le projet Tavolata et je me suis lancée immédiatement avec une table d’hôtes dans le canton de Neuchâtel. Lorsque j’ai déménagé à Fribourg, l’année dernière, il était clair que j’allais à nouveau créer une Tavolata. J’adore les seniors avec lesquels j’ai un excellent contact.

Si vous deviez être un plat, lequel seriez-vous?

Je serais un dessert, par exemple un baklava (rires)!

Quel est votre meilleur souvenir de vos Tavolatas neuchâteloises?

Un jour, un monsieur de plus de 90 ans a participé à notre table d’hôtes. Son fils l’a ammené à la Tavolata. Cela faisait 3 mois qu’il n’avait plus mangé un vrai repas. Depuis ce jour, il a participé régulièrement à nos rencontres, cela m’a fait très plaisir. Une fois, il est venu, alors que nous n’avions pas de Tavolata. J’étais ravie et lui ai préparé un repas qu’il a pu emporter chez lui. Il est resté jusqu’à ce jour fidèle à ma Tavolata. Je me souviens aussi d’une femme qui avait voyagé à travers l’Iran et qui est venue à la Tavolata. Cette rencontre s’est transformée en une belle amitié. Trois couples de retraités m’ont demandé une fois s’ils pouvaient, à l’issue de leur excursion annuelle, faire une Tavolata avec moi. Ce fut une soirée fantastique, ils sont restés jusqu’à minuit passé.

Vous trouverez l’article complet dans le journal de la Tavolata « Bon Appétit! » (édition novembre 2021).

La communauté Tavolata tessinoise s’agrandit: trois femmes engag.es ont créé, avec «Aperitivo panoramico», une nouvelle table d’hôtes dans le canton au sud des Alpes. Tout a débuté par un cours de marketing en ligne…

Texte: Anina Torrado Lara

Maria Theresia Bitterli (au centre) a rencontré Piera (à droite) et Sarah (à gauche) lors d’une formation de marketing en ligne au Tessin. Le hasard a voulu qu’après le cours, les trois femmes prennent le même bus pour rentrer chez elles. Elles se sont découvert des atomes crochus et une véritable amitié s’est développée. Piera, Maria Theresia et Sarah ont commencé à se retrouver régulièrement pour le souper.

Trois générations autour d’une table

«Lors d’une de nos rencontres, nous avons eu l’idée d’élargir notre table d’hôtes à d’autres personnes», se souvient Maria Theresia Bitterli. Elles ont demandé à leurs connaissances et ami.e.s si certain.e.s avaient envie de participer. La proposition a été accueillie avec enthousiasme. «Il n’est pas facile de faire de nouvelles connaissances au Tessin lors- qu’on vient d’ailleurs», constate Maria Theresia Bitterli. «Les Tessinoises et Tessinois semblent ouverts, mais ils préfèrent rester entre eux». La dizaine de personnes âgées de 35 à 80 ans qui a rejoint la Tavolata apprécie de faire bonne chère. Les restaurants offrant une vue panoramique constituent leur lieu de rencontre préféré, d’où leur nom: «Aperitivo panoramico».

Leurs parcours et situations de vie sont des plus variés, mais chacun-e apprécie cet échange décontracté qui ouvre de nouveaux horizons. Et Maria Theresia Bitterli d’ajouter: «Actuellement, nous faisons plus ample connaissance, parlons de nos vies, de choses de tous les jours et refaisons le monde.» De temps à autre, le groupe joue au badminton ou découvre quelque chose de nouveau, comme la méditation ou un café philosophique. Lorsqu’on lui demande ce que le groupe préfère, Maria Theresia Bitterli répond sans hésitation: «Aller manger des pizzas!»

Vous trouverez l’article complet dans le journal de la Tavolata « Bon Appétit! » (édition novembre 2021).

Daniela Specht est non seulement cheffe du bureau de Tavolata, mais aussi diététicienne. Lors du premier événement «Amuse bouche», proposé en ligne le 11 août, elle a expliqué à quoi ressemble le repas idéal et pourquoi un dessert par jour ne nuit pas à la santé

 

Daniela Specht est diététicienne (Photo: privée)

Daniela, si tu devais choisir une cuisine nationale que tu mangerais jusqu’à la fin de tes jours. Laquelle serait-ce?
Daniela Specht: italienne ou japonaise! Et si je devais encore choisir entre les deux, j’opterais clairement pour la cuisine italienne avec beaucoup de légumes frais, des herbes, des pâtes, du poisson et de la viande.

Quel est ton principe le plus important en matière d’alimentation saine?
Ce qui se trouve dans l’assiette doit être aussi coloré et varié que possible.

On peut lire des articles sur le jeûne intermittent et d’autres régimes alimentaires actuellement en vogue. Qu’en penses-tu?
Le corps fait le bilan à la fin de la journée: si on dépense moins d’énergie qu’on consomme, le poids augmente – et vice versa. Répartir les aliments sur quatre ou seize heures n’est pas déterminant. Le jeûne intermittent est efficace pour les personnes qui mangent moins parce qu’elles ont moins de temps à disposition ou parce qu’elles réfléchissent de manière plus consciente à ce qu’elles mangent. Les personnes qui n’y arrivent pas mangent davantage en peu de temps, en pensant qu’elles ne mangeront plus rien après. Un point positif de ce régime: des périodes de jeûne plus longues sont bénéfiques pour l’organisme. En général, je ne recommande pas de régime. Sur le long terme, il est préférable d’avoir plus conscience de ce que l’on mange, de manger une cuisine variée et savoureuse.

Un régime végétarien ou vegan est-il plus sain qu’un régime équilibré à base de viande et de poisson?
Manger végétarien est sain si on remplace la protéine manquante par des œufs, des produits laitiers ou des légumineuses. Je ne préconise pas la cuisine vegan – sauf pour les expert(e)s en alimentation qui compensent consciemment le manque de protéines et de vitamines. Je suis une grande fan des œufs: ils fournissent des protéines précieuses, de la vitamine D, etc. En Suisse, notre consommation de viande est clairement trop élevée, c’est pourquoi je recommande deux à trois jours par semaine sans viande.

Cinq portions de fruits et légumes par jour: cette règle s’applique-t-elle encore?
Oui, ce principe est toujours d’actualité. Les légumes et les fruits fournissent des vitamines et des minéraux précieux et, avec leurs fibres alimentaires, favorisent la digestion et une satiété plus longue. Il est possible de remplacer l’une des portions quotidiennes par un jus de fruit.

Où s’arrête le plaisir et où commence une attention excessive à sa santé?
Si tout tourne constamment autour de la nourriture, si le plaisir a disparu ou si les gens font du sport en excès après avoir mangé, alors ce n’est plus sain.

Je continue de lire des articles sur les superaliments tels que le chia, la maca ou d’autres aliments similaires. Sont-ils nécessaires?
Je les vois plutôt comme une tendance qui sert à vendre de nouveaux produits. Ni la graisse de coco, ni les baies de chia ou de goji ne sont nécessaires à une alimentation équilibrée. Les produits régionaux tels que l’huile de colza, les graines de lin, les noix et les baies (par exemple les myrtilles et les groseilles) sont tout aussi sains et précieux.

Les besoins nutritionnels du corps évoluent-ils avec l’âge?
Oui, la composition corporelle change et le besoin en énergie diminue. En vieillissant, le besoin d’autres nutriments apparaît, l’odorat et le goût changent et en principe la soif diminue. Il existe un risque de malnutrition et de sous-alimentation.

Que devraient manger les personnes âgées au quotidien? Elles devraient consommer 20 à 30 grammes de protéines par repas, trois à quatre portions de produits laitiers par jour (calcium), de la vitamine D et boire un à deux litres de liquide.

Comment les personnes âgées peuvent-elles s’alimenter plus sainement?
Il est important de boire suffisamment et régulièrement, de manger varié, en compagnie d’autres personnes et de faire une activité physique à l’extérieur quotidiennement pendant au moins 30 minutes.

Un morceau de gâteau ou de chocolat avec le café de l’après-midi: est-ce ok?
Oui, un dessert par jour fait partie d’une alimentation saine, on peut y aller sans mauvaise conscience.

Quelle quantité d’alcool peut-on encore boire à l’âge de la retraite?
Avec l’âge, l’organisme devient plus sensible à l’alcool. Il faut également faire attention aux éventuelles interactions avec des médicaments. Un décilitre de vin ou une bière par jour sont ok.

Les gens mangent-ils moins sainement ou plus consciemment en période de coronavirus?
Il existe une étude passionnante de Promotion Santé Suisse: un quart des personnes ont mangé plus pendant le confinement, un septième moins. La consommation de substances addictives a diminué de 25%. Le temps passé à la maison a certainement incité de nombreuses personnes à mener une vie plus saine et plus active.

Quels aliments dois-je éviter si je veux faire quelque chose de bon pour mon corps?
Heureusement, il n’existe aucune liste d’interdiction!

Comment me motiver à cuisiner et à manger lentement et en pleine conscience si je vis seul(e)?
Il est important de se faire plaisir: chaque repas devrait être une petite fête! Assaisonner les aliments avec des épices et des herbes stimule l’appétit, un bouquet de fleurs sur la table et des bougies créent une atmosphère chaleureuse. Je recommande également de cuisiner une fois et de savourer deux fois: il suffit d’emballer les aliments en petites portions et de les conserver au congélateur.

Comment puis-je renforcer en toute conscience mon système immunitaire?
Manger équilibré, en particulier beaucoup de vitamine C provenant des fruits et légumes, et boire beaucoup. Accompagnée d’un citron, d’un concombre ou de tranches de gingembre, l’eau est moins ennuyeuse.

Supposons que je me ne sente pas en forme. Comment puis-je me remettre sur pied le plus rapidement possible?
Il est important d’essayer de retrouver une alimentation équilibrée le plus rapidement possible. Même quand on manque d’appétit. Les petits repas renforcent l’organisme.

L’alimentation est une chose, le mouvement est une autre. Combien d’activité physique doit-on pratiquer pour rester en bonne santé et maintenir son poids?
Il suffit de 30 minutes d’activité physique par jour pour rester en forme, améliorer sa circulation sanguine et conserver sa masse osseuse et musculaire. Par exemple, monter les escaliers, faire un jogging, ou encore aller faire ses courses à pied. Je recommande également le yoga, car il fait du bien au corps et à l’esprit.

Une question personnelle pour terminer: quel est ton plat préféré? 
J’aime les sushis plus que tout! En famille, nous préparons souvent un grand plat de sushis.

À propos de la série «Amuse bouche»

L’interview de Daniela Specht (menée par Anina Torrado Lara) a marqué le prélude d’une série d’événements virtuels «Amuse bouche». Vous trouverez de plus amples informations et des conseils pratiques sur l’alimentation dans la brochure «Manger sainement pour rester en bonne santé» de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV.